" Elle était assise sur un banc, habillée en pute. Elle avait le teint pâle, des mains fines et blanches,
assorties d'un vernis rouge sang rappelant sa bouche dont aucun son ne sortait.
Paris
s'agitait autour d'elle. Quelques personnes prenaient la peine de lui
jeter un regard en coin, d'autres ralentissaient le pas. Certains
semblaient se dire " Mais quel mystère entoure cette fille? " et
d'autres semblaient avoir tout autre chose en tête, mais ceux-là, elle
les reconnaissaient très vite.
Elle avait appris à se battre mentalement contre ses envies faisant s'agiter les mœurs de cette ville,
et
maintenant elle était seule sur son banc, avec pour seule compagnie son
paquet de cigarettes à moitié vide, et sa foutue nostalgie qui
l'envahissait chaque jour que dieu faisait.
Les couples se
promenaient main dans la main, certains s'arrêtaient devant les
boutiques, ou allaient s'asseoir au restaurant en commandant les plats
les plus chers. Les hommes souriaient, même en dégainant la carte
bleue, les femmes riaient aux éclats. Chaque minute passé ensembles
semblait être source de bonheur.
Puis elle se pris à imaginer
tout ses couples se déchirant, car c'est bien connu, dans tout les
couples il y a des non-dit , des faux semblant et des secrets enfouis,
non?
Mais au fond, que cherchait-elle en allant de quartiers en
quartiers, de bancs en bancs, et en observant la foule parisienne un
samedi soir, seule & à moitié ivre?
Cherchait- elle à se
rassurer, ou tout simplement à se dénigrer encore plus en voyant qu'aux
yeux de la société elle n'était rien, qu'une merde, une rejetée?
Ce
soir là, elle fini à pigalle, assise seule sur un banc, habillée en
pute, alla s'acheter un paquet de clopes, commanda un rhum-coca &
rentra par le dernier metro dans ce qui fût son plus dûr, mais aussi
son plus jouissif enfer. "